À tout âge : Faire Société
Le vieillissement de la population, fortement médiatisé ces dernières années, est désormais bien identifié comme un des enjeux majeurs d’évolution de la société.
Si les personnes de plus de 60 ans représentent en effet aujourd’hui 20 % de la population, elles en représenteront près d’un tiers d’ici 2050.
Des discours récurrents assimilent cette transition démographique à un « fléau » social par une assimilation aussi hâtive qu’erronée des âgés à une population à charge. Les organisations impliquées dans la Semaine Bleue sont convaincues qu’elle représente au contraire une chance pour notre société.
Cette opportunité ne doit pas s’appréhender que sur le plan économique. Certes le potentiel représenté par les séniors a suffisamment été bien appréhendé pour qu’il génère la création d’une filière industrielle : la « Silver Economy ». Des lignes de produits dans les domaines de l’adaptation de l’habitat, de la domotique, des services voient ainsi le jour. Cette nouvelle économie profite à la collectivité toute entière.
Mais est-ce suffisant pour faire société ? Comme le dit Bernadette Puijalon, anthropologue et marraine de la Semaine Bleue 2016, les personnes âgées ont davantage « besoin de liens que de biens ». De ce point de vue, l’isolement et la solitude dont souffrent 25 % des personnes âgées de plus de 75ans interrogent la collectivité toute entière. Ils ont justifié le lancement d’une campagne de mobilisation nationale MONALISA afin de susciter un sursaut citoyen susceptible de pallier cette forme d’exclusion d’autant plus insidieuse qu’elle est invisible.
La situation des personnes âgées de ce point de vue se conjugue essentiellement au pluriel et la vieillesse reste le théâtre des plus grandes inégalités. Le fait d’être âgé de plus de 60 ans n’identifie pas une catégorie sociale homogène. Rien n’autorise la globalisation de situation de personnes de générations, de cultures, de conditions sociales et d’état de santé aussi divers. Pour autant, l’impératif est le même : pour toutes, il s’agit de faire société.
Faire société quel que soit son âge et son niveau d’autonomie tel est le mot d’ordre que la Semaine Bleue souhaite relayer. Un mot d’ordre impératif aux lendemains des attentats dramatiques de l’année 2015 qui ont ébranlé les fondements même de notre société. Au sens où ils font peser le risque de dresser les communautés les unes contre les autres. C’est également l’objectif auquel nous renvoie la loi d’adaptation de la société au vieillissement que le parlement a voté fin 2015.
Faire société c’est bénéficier d’un entourage avec lequel entrer en relation afin de pouvoir exister et se sentir utile aux yeux de l’autre et de pouvoir ainsi être reconnu dans sa singularité, dans sa différence.
Faire société c’est être en lien avec les autres générations de manière à permettre à chacun de vivre pleinement son âge. Dans la solidarité.
Faire société enfin, c’est participer pleinement à la vie sociale de son territoire de résidence et contribuer ainsi à l’édification d’une société plus inclusive. L’engagement des retraités dans la vie associative n’est plus à démontrer.
Nos organisations représentatives des retraités et personnes âgées et œuvrant à leur égard concourent elles aussi à faire Société. Vectrices des besoins et des demandes des personnes âgées, initiatrices de socialisation et de régulation sociale, elles articulent le plus souvent des initiatives particulières et un projet commun. Génératrices d’idées nouvelles, forces de propositions, elles élaborent ainsi des actions collectives plus participatives qui renforcent le vivre ensemble.
En s’ouvrant désormais dans le sillage immédiat de la Journée internationale des personnes âgées du 1er octobre, la Semaine Bleue, convaincue de l’universalité des valeurs et des messages dont elle est porteuse, souhaite intégrer la dimension internationale dans ses réflexions. La question du vieillissement de la population intéresse désormais la plupart des pays de notre planète.
Les manifestations, les événements et les actions qui seront impulsés à l’occasion de la Semaine Bleue permettront de témoigner de la capacité des personnes âgées à faire société. Ils confirmeront l’urgence à replacer le lien social entre les générations que nous voulons promouvoir sous l’égide de la fraternité, ce troisième terme un peu délaissé de notre devise républicaine.
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